Abdoulaye Diallo, vice président de l’association des anciens internationaux de football

6 mars 2013

Abdoulaye Diallo, vice président de l’association des anciens internationaux de football

« Nous méritons respect et considération »

C’est un Abdoulaye Diallo très remonté que nous avons reçu dans les locaux de Stades. Il était venu plaider la cause des anciens internationaux qui selon lui, sont dans un oubli total. A travers cet entretien, l’ancien arrière central des Lions des années 60 fait appel aux anciens internationaux toutes générations confondues afin de réclamer la place qui leur revient dans le landernau du foot sénégalais. Il plaide également pour l’élection sans délai d’un nouveau président pour succéder à Cheikh Seck, devenu vice-président de la Fédération sénégalaise de football (FSF).

Abdoulaye Diallo, vous êtes le vice-président de l’association des anciens internationaux de football. Qu’est-ce qui motive votre déplacement aujourd’hui dans les locaux de Stades ?

Je suis venu vous rendre visite afin d’aborder certaines questions concernant le sort des anciens internationaux que nous sommes. Notre association existe depuis 1992, 20 ans déjà. Mais nous constatons qu’on ne nous accorde pas la place qui nous revient. Nous avons tant donné pour ce pays, fait tant de sacrifices. Mais vous le constatez-vous-même, nous faisons face à de nombreux problèmes. Nous ne savons plus qui est ancien international et qui ne l’ai pas. La structure n’a plus de président depuis que Cheikh Seck est devenu vice-président de la Fédération sénégalaise de football (FSF). Il faut forcément lui trouver un remplaçant et cela passe par une élection. Nous sommes entrain de sensibiliser les uns et les autres pour se mettre autour d’une table afin de donner un nouvel élan à notre association. Nous devons impérativement élire un nouveau président.

Justement, qu’est-ce qui bloque cette élection ?

A mon avis, je peux dire que rien ne bloque cette élection. Le problème majeur c’est de regrouper les personnes et notre démarche s’inscrit dans ce sens. Nous voulons sensibiliser toutes les personnes concernées pour aller à des élections le plus rapidement possible. Vous savez, si nous rencontrons toutes ces difficultés, les autorités y ont une part de responsabilité. La démarche, elle est simple. A leur niveau, il fallait pour chaque région, recenser les anciens internationaux qui s’y trouvent. Et sur cette base, la donne serait plus facile. Nous pourrions facilement se réunir.
Mais aujourd’hui quand même quand ont parle d’anciens internationaux, immédiatement c’est la génération de 2002 qui refait surface…….
C’est vraiment regrettable que les gens puissent avoir une telle appréhension des choses. Avant 2002, d’autres footballeurs talentueux ont eu à écrire les plus belles pages de l’histoire du foot sénégalais. C’est vrai, nous ne pouvons pas ne pas évoquer cette génération, mais il ne faut pas aussi oublier ceux d’hier. Dans notre association, nous ne faisons pas de distinction. C’est une structure qui regroupe toutes les générations de footballeurs. Nous sommes une famille et nous devront ensemble revendiquer la place qui nous revient. Personne ne le fera à notre place. Nous ne devrons pas accepter que les gens nous divisent. Nous avons beaucoup à apporter au foot sénégalais et c’est en se donnant la main que nous y arriverons.

Selon vous, quelle est la place des anciens internationaux dans la gestion du football au Sénégal ?

Les anciens internationaux constituent la mémoire du pays. Rien ne devrait se faire dans le domaine du football sans nous y associer. On doit avoir des représentants dans toutes les structures qui s’activent dans le domaine du football. Avec Abdoulaye Mactar Diop (NDL ancien ministre des sports), nous avions une certaine reconnaissance. A chaque fois que l’équipe devrait jouer hors du pays, on avait une invitation. Dans les stades au Sénégal, l’entrée était libre et gratuit pour les anciens internationaux. Mais ce qu’on voit aujourd’hui est regrettable. Quand on va jusqu’à nous refuser l’accès aux stades, je dis que nous ne méritons pas un tel traitement. Nous avons représenté ce pays que nous aimons tant des années durant. Nous ne réclamons que ce qui nous revient de droit. Vous savez, il n’est pas donné à toute personne de bénéficier de l’hymne national. Seul le président, les soldats et les sportifs peuvent en bénéficier. Donc, on nous doit respect et considération. C’est vraiment absurde quand on voit un président qui reçoit des lutteurs et leur promettre une enveloppe de deux milliards pour une mutuelle, alors que nous avons représenté dignement ce pays à travers le monde. On doit nous donner la place qui est la nôtre.

Concrètement que pouvez-vous apporter au football sénégalais ?

Mais écoutez, nous sommes utiles à tout les niveaux concernant la gestion du football dans notre pays. Moi je dis souvent à mes amis que le football doit revenir aux footballeurs. C’est inadmissible que le secteur se retrouve entre les mains des personnes inconnues du domaine. Nous avons défendus ce pays et nous connaissons bien les maux qui gangrènent le football. Ce secteur ne peut se faire sans les anciens internationaux. Nous méritons d’avoir des représentants au niveau de toutes les instances. Que ce soit à la fédération, la Ligue Pro et les autres structures qui s’activent dans le football.

N’est-il pas aussi de votre faute si les autorités ne vous prennent pas comme il se doit, dans la mesure où vous-même vous avez des difficultés à vous organiser ?

Nous n’avons pas de problème pour nous organiser. Vous savez, dans de nombreux pays, les anciens internationaux sont bien traités. Vous prenez l’exemple de la Cote d’Ivoire. Ce sont les autorités qui sont en première ligne pour plaider leur cause. En ce qui nous concerne, ce sont les autorités qui devraient penser à nous, car durant notre jeunesse, nous avions tous donné pour ce pays. Nous sommes entrain de mourir petit à petit. C’est de notre vivant qu’on doit nous rendre la place qui est la nôtre. Je ne veux pas qu’on met des millions après ma mort. J’ai des fils qui fils qui évoluent dans le sport (NDL : Oumar Diallo, ancien international et Moustapha Diallo, qui évolue actuellement à Guingamp en France). Je peux bien rester dans mon coin et faire ma vie tranquillement. Mais c’est un combat qui nous engage tous. Beaucoup d’entre nous dans leur jeunesse ont dû abandonner les salles de classes pour s’adonner au football. C’est un sacrifice énorme que ces derniers ont fait. Nous ne demandons qu’une reconnaissance car nous sommes de dignes fils de ce pays.

Partagez

Commentaires